Brèves prospectives

UNE NOUVELLE VISION DU CENTRE COMMERCIAL

Les nouveaux centres commerciaux, au contraire de leurs ancêtres, se veulent des « lieux de vie », écologiques et accueillants. L’Atoll, près d’Angers, est l’un des plus grands d’Europe. L’anneau de 1 600 mètres de circonférence en résille d’aluminium perforé a des airs de stade olympique. La carapace — dépourvue de noms d’enseignes pour ne pas polluer l’ambiance visuelle — dissimule réserves, camions et poubelles. Ses concepteurs y voient le nec plus ultra du commerce d’entrée de ville, lequel avait, à en croire les services de communication du centre, grand besoin d’être « révolutionné » par l’ajout de quelque six cents arbres. Une petite musique pop s’échappe en outre de haut-parleurs disposés le long de ce qu’il faut bien appeler un « parcours ». Les innovations de l’Atoll ne laissent pas le badaud indifférent : salle de sport, navette électrique, jardin d’enfants, bancs « publics », petits parcs avec fontaine, poubelles stylisées … La Compagnie de Phalsbourg, l’un des trois mastodontes de l’immobilier commercial en France, n’a pas lésiné sur les moyens : plus de 150 millions d’euros de budget, dont 2 millions pour les espaces verts, et s’explique : « l’Atoll, c’est un lieu de vie, car, aujourd’hui, il est plus facile de rester dans son canapé en pantoufles et d’effectuer ses achats en ligne que d’aller faire ses courses dans un supermarché. Donc, pour que les gens sortent de chez eux, on doit leur offrir plus, on doit leur offrir du beau. » Les enfants peuvent jouer sur les grands modules au cœur de l’Atoll ou regarder un DVD sous l’œil des salariés de la Maison de l’Atoll, pendant que leurs parents font les courses, se rend chez le coiffeur, pratique la zumba au club de sport ou se restaure dans l’un des dix restaurants situés au centre de la zone, rassurée par la présence de cent une caméras de vidéosurveillance et par les patrouilles d’agents de sécurité sous-traitants. Pour ses concepteurs l’idée, c’est de dire que le peuple a droit au lustre, à l’or et au marbre, de quoi se considérer comme les Karl Marx de l’immobilier commercial…

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