Brèves prospectives

STRIKE DEBT: UN PLAN DE SAUVETAGE DU PEUPLE PAR LE PEUPLE

Le mouvement Strike Debt – « grève de la dette » – vient de réduire à néant plus d’un million de dollars de dettes médicales dans les États du Kentucky et de l’Indiana. Un millier de personnes choisies au hasard, ayant contracté une créance de 900 dollars en moyenne, ont vu leur dette effacée. Quand les emprunteurs n’arrivent plus à rembourser, englués dans un prêt immobilier à taux variable ou un crédit étudiant à payer alors qu’on est au chômage, les banques « vendent » ces crédit à moindre coût à des organismes de recouvrement ou à des marchés spéculatifs, qui pour obtenir le remboursement du prêt usent du harcèlement téléphonique ou de la saisie de biens. Le principe pour Strike debt est d’acheter ces dettes en défaut auprès des organismes collecteurs de dette, et de les annuler. L’association Rolling Jubilee offre un cadre juridique à ce processus, et assure être en mesure d’acheter et d’effacer 20 dollars de dette pour chaque dollar collecté, grâce à la dépréciation de la valeur de ces crédits lors de leur revente. Aux Etats-Unis, où trois ménages sur quatre sont endettés, un Américain sur sept est poursuivi par un agent de recouvrement pour sa dette, un étudiant sur 10 a contracté plus de 61 000 dollars de dettes avant de commencer à travailler, le mouvement se donne pour mission de « politiser » la question de la dette, en montrant qu’elle est avant tout un problème social et non pas une défaillance individuelle ou une faute morale. Aux États-Unis en effet, des agences attribuent des notes à ceux qui sollicitent une banque pour un prêt, selon un système très opaque. Des notes qui sont ensuite utilisées par les banques pour déterminer l’octroi ou non d’une carte de crédit, d’un prêt hypothécaire, le taux appliqué à tel ou tel prêt, mais aussi de plus en plus par les employeurs, les propriétaires, les assurances, et même les hôpitaux, qui y voient là un moyen de choisir leurs bénéficiaires. L’association, mettant en avant le décalage entre le sort réservé à Wall Street et aux ménages et municipalités, veut aller jusqu’à une annulation globale des dettes (ce qui a été fait dans maintes civilisations), et souligne que tout cela n’est qu’un arrangement humain et que si la démocratie a un sens, c’est bien cette capacité à se mettre tous d’accord pour arranger les choses.

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