Brèves prospectives

AFRIQUE : LE GRAND RETOUR DES ENFANTS D’IMMIGRÉS

Adolescente, la journaliste britannique Afua Hirsch avait honte de ses origines africaines. En 2012, elle est partie s’installer dans le pays de sa mère. Ils sont nombreux dans la diaspora à accomplir cet exode à l’envers, attirés par les perspectives économiques du continent. L’enthousiasme avec lequel les personnes d’ascendance africaine partout dans le monde épousent leurs racines prend l’ampleur d’un renouveau culturel. Au Ghana, un flux continu de ressortissants européens et américains d’ascendance africaine débarquent à l’aéroport international de Kotoka, récupèrent leurs effets personnels arrivés par conteneurs au port de Tema et se mettent en quête d’un logement dans les quartiers résidentiels prisés d’Accra, et trouvent du travail au sein des multinationales et cabinets de services aux professionnels, lorsqu’ils ne créent pas leur propre entreprise. Ils fuient une zone euro en crise et un sentiment persistant d’inégalité et de discrimination dans les pays occidentaux, pour se diriger par exemple vers une des sept économies mondiales à plus forte croissance dans les cinq prochaines années (l’Ethiopie, le Mozambique, la Tanzanie, le Congo, le Ghana, la Zambie et le Nigeria). Cette croissance du PIB va de pair avec l’ascension d’une classe moyenne en pleine expansion : à l’horizon 2015, le nombre de ménages disposant de revenus supérieurs à 3 000 dollars par an devrait atteindre les 100 millions, ce qui placerait le continent à égalité avec l’Inde. Reste que tous ceux qui vivent au Ghana, riches et pauvres, vivent le même quotidien chaotique, entre embouteillages monstres, qualité douteuse de l’eau et coupures d’électricité à répétition. La pauvreté est une réalité ici, comme la faim et la maladie, et tout cela sans protection sociale. Loin de mettre en place des mesures porteuses de véritables changements sociaux, beaucoup de gouvernements africains se contentent d’administrer l’aide étrangère et de lancer de grands travaux d’infrastructures qui n’apportent pas grand-chose à la population… Une critique portée entre autres par ces “afropolitain”, « Africain du continent possédant une double nationalité, Africain né dans la diaspora ou Africain revendiquant ses racines africaines et européennes et sa culture métisse, se distinguant par leur perspective cosmopolite sur le monde, ainsi que leur identité culturelle métissée ».

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