QUEL FUTUR POUR LA GUERRE ?
Peter W. Singer, 38 ans, dirige depuis 2006 l’Institut de réflexion sur la défense du XXIe siècle de la Brookings et est considéré dans le monde anglosaxon comme l’un des meilleurs spécialistes du futur de la guerre. Actuellement c’est NeXTech, cet espace de réflexion sur les nouvelles technologies de la guerre, qui retient son attention. Au-delà de la robotique qui devrait aboutir à une miniaturisation à l’extrême des drones (vive les mouches tueuses), de l’intelligence artificielle qui permettra aux armes de prendre seules des décisions, des lasers qui remplacent déjà les bombes, des armes biologiques comme les virus faits sur mesure, des cyberguerres, c’est l’impression 3D qui est au cœur des débats de NeXTech. Il est en effet désormais possible construire ses armes à la maison (des plans du fusil M16 sont déjà téléchargeables sur le Net), ce qui amène à questionner le contrôle des armes aux frontières ou encore les chaînes logistiques. Il ne sera par exemple plus nécessaire de passer par la case « usine » pour fabriquer des pièces de rechange pour les avions, un soldat sur le terrain pourra ainsi “imprimer” instantanément sa nouvelle arme ou un drone. Mais cela vaudra aussi pour les ennemis qui, du coup, seront plus difficilement contrôlables. Parmi les défis plus généraux de l’armée américaine, qui restera encore de nombreuses années le gendarme du monde, ce spécialiste identifie l’énorme dette de son pays, le rapport à une Chine en pleine expansion militaire (les USA et la Chine se regardent en chiens de faïence depuis quelques années, et la course actuelle aux armements et une mauvaise estimation de la conjoncture pourraient aboutir à une situation explosive), et l’éducation pour l’emploi, plus décisive selon lui pour les Etats-Unis que les champs de bataille.
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