Brèves prospectives

DES MANIFESTATIONS POUR POUVOIR VIVRE EN VILLE

Les manifestations brésiliennes contre la hausse du prix du billet de bus (le transport est le troisième poste de dépense des familles, pour un service jugé comme de mauvaise qualité dans les grandes villes), qui ont débuté sur cette question spécifique, ont comme toile de fond un processus qui transforme les villes en un lieu toujours plus hostile aux personnes. Gentrification, élitisation, hygiénisation, peu importe le nom qu’on lui donne : les villes sont en train de devenir un endroit où circulent des véhicules, où les affaires immobilières prospèrent, dont les pauvres sont chassés et où tout le reste est interdit. Les gens suffoquent et réagissent en allant de plus en plus dans la rue, la plus grande tribune du Brésil. Et l’organisation brésilienne des méga-événements sportifs n’est rien de moins qu’un catalyseur de ce processus d’exclusion violente des grandes villes, qui sert de prétexte au nettoyage social et à la mise en place de diverses mesures autoritaires : d’ici le mois d’août, un projet de loi doit être voté qui peut qualifier de terroristes des actions entreprises par des mouvements sociaux, un autre texte actuellement au Sénat prévoit de répertorier de nouveaux délits pendant la durée du Mondial 2014, avec notamment des “limitations à l’exercice du droit de grève”, tout cela pour que le pays soit prêt à recevoir la Coupe du monde. Les manifestants protestent contre tout ce qui est en train de se passer, contre l’augmentation, contre les expulsions, contre l’abattage des arbres. Les gens manifestent, fondamentalement, pour le droit de vivre en ville. L’indignation, surtout celle de la jeunesse, augmente avec la faillite de la politique traditionnelle, devenue un auxiliaire des intérêts privés et incapable de répondre aux problèmes de la population. Un air de printemps souffle au Brésil. Et, d’ici à la Coupe du monde, il risque de souffler encore plus fort…

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