OGM : UNE CONTAMINATION QUI COÛTE CHER À L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE
La contamination par un blé expérimental de Monsanto a eu lieu dans l’Oregon, un État qui exporte 90 % de son blé, alors qu’il n’existe aujourd’hui aucun blé OGM commercialisé dans le monde. Les conséquences de cette découverte fin mai ont été immédiates : le Japon et la Corée du Sud ont suspendu leurs importations, des gouvernements asiatiques et européens ont réclamé des tests pour surveiller la présence d’OGM, les cours du blé ont baissé. Depuis, plusieurs plaintes ont été déposées par des agriculteurs contre Monsanto, accusé d’être responsable de la contamination. Le montant des préjudices peut être très élevé : une étude publiée en 2005 estimait qu’une contamination du blé par des OGM pourrait coûter une centaine de millions de dollars à l’agriculture américaine. Mais, malgré les précédents, notamment sur le riz, les contaminations risquent de continuer, parce que le système réglementaire américain est incapable de prévenir la contamination de la chaîne alimentaire par des OGM. Une compagnie biotech peut en effet obtenir une autorisation en 30 jours de la part du ministère de l’agriculture pour un essai en plein champ, sans exigence particulière. Dans ce cas précis, Monsanto a conduit des essais en plein champ dans 16 États sur un millier d’hectares, entre 1998 et 2004. Si on détecte une contamination seulement aujourd’hui, soit dix ans après la fin des essais, c’est faute de contrôle. Cette contamination intervient alors qu’une partie des Américains réclame une meilleure information sur les produits génétiquement modifiés. Cette contamination du blé renforce donc la mobilisation pour un étiquetage des produits OGM, qui a pris beaucoup d’ampleur cette année : depuis l’échec de la Californie à légiférer sur un étiquetage obligatoire, 26 États ont engagé des actions similaires. Si l’application de cette loi reste conditionnée à son adoption par un minimum de cinq autres États, elle ouvre quand même la voie à une législation au niveau fédéral. Face à ce phénomène, certaines grandes compagnies agro-alimentaires commencent même à se dire prêtes à accepter un étiquetage a minima au niveau fédéral…
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