Brèves prospectives

L’INNOVATION ÉDUCATIVE, UNE QUESTION ÉCONOMIQUE AVANT TOUT

L’éducation paraît partout en crise. La question économique est au coeur de la question scolaire, et plus que renouveler l’apprentissage, les nouvelles technologies remettent en question l’économie même de l’éducation, en proposant une offre censée être plus économique…

Les partisans des Mooc (cours massifs gratuits en ligne, notamment des grandes écoles) y voient un outil pour lutter contre la hausse des coûts des universités, une baisse de qualité et l’augmentation du taux d’abandon qui y est observé. Et mettent en avant leur pouvoir de générer d’immenses quantités de données pour rendre l’apprentissage automatique encore plus efficace, puisque le logiciel regarde pour chaque cours si un étudiant fait une pause ou augmente la vitesse de lecture (chaque action permettant au système de s’améliorer).

Pourtant, les résultats de l’informatisation à l’école n’ont pas été forcément ceux attendus : là où il s’est installé, le numérique n’a pas eu d’effet majeur sur les résultats scolaires des élèves, ni sur le taux d’abandon. Ses détracteurs lui reprochent le manque de richesse amenée par les échanges entre élèves et avec les professeurs, ainsi qu’une vision plus informaticienne que pédagogique. Certains craignent même que les cours en ligne soient une distraction pour les enseignants et qu’ils finiront pas nuire à la qualité de l’éducation offerte sur le campus. L’étude des programmes de cours par correspondance des années 1920 montre que bien souvent la qualité de l’instruction n’était pas à niveau et que seule une infime partie des personnes inscrites ont effectivement suivi les cours. En 1928, un éminent pédagogue américain a prononcé un réquisitoire contre les études par correspondance. En 1930, partout, l’engouement avait fait long feu.

En tout état de cause, cette bataille de l’accès aux cours en ligne est depuis l’origine une bataille d’innovation scolaire entre grandes écoles, qui utilisent ces outils pour améliorer leur notoriété internationale dans la grande lutte pour le recrutement des meilleurs élèves et des meilleurs professeurs. L’enjeu est donc économique, et comporte deux risques majeurs : le risque que les Moocs, par le développement d’une hyperconcurrence entre écoles, puissent démanteler le réseau scolaire américain lui-même, et celui de la “mcdonalisation” de l’enseignement. Reste aujourd’hui aux formes anciennes d’enseignement à démontrer à leur tour leur valeur, montrer que leurs coûts peuvent être justifiés.

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