Brèves prospectives

ROBOTISATION ET MODÈLE ÉCONOMIQUE

Avant la fin de ce siècle, estiment certains spécialistes, 70 % des emplois d’aujourd’hui sera remplacé par l’automatisation  du fait de la cognition artificielle, des capteurs bon marché, de l’apprentissage automatique et de l’intelligence distribuée. Des robots capables de percevoir les humains qui travaillent à proximité pour éviter de les blesser, à qui il suffit de saisir les bras et de les guider pour qu’ils reproduisent les mouvements (avec un coût minime de programmation et de mise à jour donc), et qui ne coûtent pas chers, existent déjà aujourd’hui, et ils pourraient transformer la fabrication d’une manière encore plus brutale que la dernière révolution technologique.

Pour leurs défenseurs, ces robots vont faire des travaux que nous n’avions même jamais imaginé qu’ils pourraient être faits, et nous aider à trouver de nouvelles taches qui élargissent qui nous sommes. Dans cette vision, l’ordinateur ne se contente pas de piloter l’usine moderne, il en devient le modèle même, les robots associés pouvant faire fonctionner une usine. Et la proximité, face à des coûts de fabrication réduits grâce aux robots et à des coûts de transports exponentiels, ne sera pas chère. L’avenir est donc dans ce schéma à un réseau d’usines localement franchisées où les produits seront fabriqués à quelques kilomètres de l’endroit où on en a besoin.

Cela implique néanmoins que les emplois de conception dont nous aurons besoin demain pour faire fonctionner ces robots n’adressent ni les mêmes volumes, ni les mêmes publics que les emplois manuels perdus, et que la piste envisagée pour contrecarrer les impacts de la robotique sur l’emploi, l’éducation et la formation des travailleurs, est loin d’être évidente à mettre en œuvre.

Une autre piste pourtant se dessine, celle de la lutte contre des intérêts en place qui ont une grande incitation à imposer de la rareté, à ralentir l’innovation : la puissance des robots et de la technologie permettent certes de réduire le taux d’emploi, mais plutôt que d’aider ceux qui ont perdu leur emploi à cause de la technologie, les entreprises utilisent la puissance de leurs monopoles pour augmenter le rendement du capital. Pour le dire plus simplement, ce n’est pas tant la technologie (la “robotisation” du monde) qui expliquerait alors la montée des inégalités, que le développement de monopoles basés sur ces technologies…

Lire l’article

 

Un commentaire