LA PARTICIPATION DÉMOCRATIQUE TOUJOURS EN QUESTION
A travers l’Europe, le constat est partout le même : le nombre d’adhérents aux partis politiques est en berne. En perdant leurs adhérents, ce moyen de transport d’idées montre qu’il ne marche plus. Et ce, alors que les défis auxquels nous sommes confrontés, du changement climatique au problème financier, sont toujours plus vifs et nécessitent d’agir vite et bien. Parmi les alternatives, la démocratie directe, malgré ses intérêts, ne permet pas de contribuer à la conception d’une solution : en Californie par exemple le citoyen reçoit des courriers de 100 pages pour s’informer de ce sur quoi il devait voter (et encore, de nombreuses autres propositions de loi n’obtenaient pas cette publicité, faute d’argent), ce qui, en pratique, ne lui permet pas de prendre des décisions éclairées sur toutes ces propositions. Et c’est pour pallier à ces problèmes qu’on a imaginé la démocratie représentative. Le problème de celle-ci c’est que la personne qui vous représente ne partage par toutes vos opinions, sans parler d’échanges de votes avec d’autres élus, ou de corruptions… Certains imaginent alors une démocratie en réseau, où nous nous représenterions pas les uns les autres sur les sujets que nous connaissons le mieux, quand d’autres imaginent utiliser la démocratie liquide du Parti pirate, qui permet de faire des propositions en ligne, d’amender, de discuter et voter de propositions de loi au sein d’un parti, avec pour objectif d’améliorer la politique et de lui donner plus de légitimité. Mais celle-ci peut-elle être une réponse pour faire discuter 80 millions d’habitants ? Le processus ne risque-t-il pas d’être trop long, trop complexe ? Cette démocratie au fait que les gens travaillent avec le gouvernement et inversement ? Concrètement, dans ce cas, c’est aux gens de décider du trajet du corridor de lignes à très haute tension. Au final, des élus prendront une décision, mais les gens doivent pouvoir participer, discuter, argumenter leurs choix. Pour cela, un think thank prévoit de développer un ensemble d’outils permettant de comprendre les situations, de manière accessible. Il propose également mettre en place des forums, des tables rondes permanentes, offrir des lieux, donner un visage au processus, permettre de discuter facilement avec les autorités, afin de pouvoir vérifier les faits, établir une expertise qui éclaircit les désaccords entre experts. Enfin, dans ce modèle il faut que les gens puissent avoir un engagement financier dans le projet, comme pour les parce éoliens où les citoyens bénéficient de la revente de l’énergie que ces structures génèrent. Dans la réalité, ce type de démarche reste majoritairement une opération de communication, il est encore trop rare qu’elle modifie réellement les décisions prises. Et trop de simulacres de discussion conduisent parfois à la seule solution d’expression qui demeure : la révolte. Cela risque d’être le cas pour l’Islande, où la Constitution rédigée selon ces principes est toujours bloquée. Amer constat. Aussi stimulante soit-elle, la participation via l’internet n’est décidément pas magique. Elle bute contre les hiérarchies, les rapports de pouvoir qu’elle n’arrive pas à dépasser. A croire que s’il veut changer le monde, l’internet ne veut pas vraiment prendre le pouvoir. Etrange contradiction dont il faudrait certainement comprendre les motivations.
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