DE L’EMPRISE DES SOCIÉTÉS DE NÉGOCE INTERNATIONAL
Acteurs influents mais peu connus du système alimentaire mondial, les quatre leaders du négoce, les ABCD (dénommées ainsi selon l’acronyme de leurs initiales), font l’objet d’un rapport détaillé d’Oxfam, selon lequel ils participent pleinement à la volatilité des prix agricoles et à l’accaparement des terres. Ces sociétés se partagent en effet à elles seules 90 % du marché des céréales et interviennent également à toutes les étapes de la chaîne agricole industrielle, à la fois comme fournisseurs de semences, d’engrais et de produits phytosanitaires, mais aussi comme propriétaires terriens, financeurs ou transporteurs.
De plus en plus fonds d’investissement ou de gestion de portefeuille, les ABCD proposent leurs services aux banques, fonds de pensions et autres investisseurs, qui comptent ainsi avoir des informations de l’intérieur sur l’évolution des marchés des matières premières. Une double casquette qui pose problème puisque l’emprise des ABCD sur le marché des matières premières les place dans une position dominante pour la fixation des prix, ces sociétés pouvant spéculer pour leur propre intérêt.
Dans l’arène de l’agro-industrie mondiale, les ABCD perdent cependant de leur influence, au profit notamment des gros distributeurs comme Walmart et Carrefour, mais aussi des sociétés agroalimentaires comme Unilever ou Nestlé, l’import-export étant aujourd’hui dominé par les produits transformés. Les multinationales du négoce, américaines et françaises, doivent aussi compter avec l’émergence de sociétés asiatiques. Basées en Chine, à Singapour ou à HongKong, ces firmes ont entamé l’oligopole des ABCD et réduisent la dépendance des pays asiatiques envers les compagnies occidentales.
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